inondations fleuve Var et affluents du Mercantour 2020

Unes de la presse

 à venir

source photo : Var matin (Roquebilière le Vieux)

Présentation du bassin versant du Var et de ses affluents du Mercantour

Le Var

Le Var (2 800 km² de superficie de bassin versant) prend sa source au col de la Cayolle dans les Alpes de Haute-Provence. Le fleuve descend en direction du sud, arrosant Entraunes, St-Martin-d'Entraunes et Villeneuve-d'Entraunes (130 km2). Puis il s'engage dans les gorges de Daluis jusqu'au pont de Gueydan où il reçoit son premier gros affluent de rive droite, le Coulomp. Il bifurque alors vers l'est, passant au pied de la cité forfitiée d'Entrevaux (670 km2), puis à Puget-Théniers. Il reçoit le Cians en rive gauche, célèbre pour ses gorges et traverse une vallée longée par la RN202 et la ligne de chemin de fer des Pignes (Digne-Nice). Après Malaussène, le Var reçoit la Tinée (700 km2) en rive gauche et bifurque vers le Sud. C'est ensuite la Vésubie (rive gauche, 400 km2) et l'Esteron (rive droite) qui gonflent le Var. Après St-Martin-du-Var, le fleuve s'écoule entre des digues qui protègent (jusqu'à un certain niveau) la plaine très urbanisée avant de jeter en Méditerranée au niveau de l'aéroport.

carte à venir

La Vésubie

La Vésubie est le deuxième affluent de rive gauche du Var par la taille (392 km²). Elle prend naissance sur la commune de St-Martin-Vésubie au pied de la cime du Gélas dans le parc du Mercantour. Elle coule dans le vallon de la Madone de Fenestre avant de traverser le village de St-Martin. Elle arrose ensuite Roquebillière, passe au pied de Lantosque et rejoint le Var au niveau de Plan-du-Var. Elle est longée par la route métropolitaine M2565 depuis St-Martin.

D'une longueur totale de 47 km, la Vésubie est grossie du Boréon à la sortie de St-Martin. Grossie est le terme adéquat puisque le Boréon possède une surface de bassin versant quasiment deux fois plus grande que la Vésubie à leur confluence (65 contre 37 km2). En sortie de Roquebilière, la Gordolasque (60 km2) rejoint la Vésubie au niveau du l'intersection des routes M69 et M2565, portant le bassin versant à 230 km2.

Les autres affluents ne dépassent pas 25 km2, les plus importants étant :

- le ruisseau de la Planchette (23 km2, 11 km), en rive gauche au pied de la Bollène

- le ruisseau de l'Infernet (20 km2, 8 km), en rive gauche

- le riou du Figaret (22 km2, 11 km), en rive droite

La pente moyenne de la Vésubie est de 5%

La Tinée

La Tinée est le plus gros affluent de rive gauche du Var par la taille (743 km²). Elle prend sa source au pied de la cime de la Bonnette. Elle arrose les communes de St-Etienne-de-Tinée, Isola et St-Sauveur-sur-Tinée. Elle conflue avec le Var au coeur des gorges de la Mescla après un parcours de 70 km.

Ses principaux affluents sont :

- le vallon de St-Dalmas (56 km2, 13 km) en rive droite, de taille similaire à la Tinée (55 km2, 12 km) à leur confluence

- le vallon de Roya (45 km2, 12 km) en rive droite

- le torrent de la Guercha (42 km2, 16 km) en rive gauche

- le vallon de Mollières (63 km2, 17 km) en rive gauche

- la Vionène (47 km2, 17 km) en rive droite

- le vallon de Bramafan (46 km2, 13 km) en rive gauche

La pente moyenne est de 3,5 %.

Les documents de prévention

Le PPR inondation a été approuvé en 2010. Il présente quatre cartes : hydrogéomorphologie, aléa, crues historiques, zonage du risque

Les crues historiques

Novembre 2014

à compléter

Utelle (Vésubie) : 5,18 m le 5/11/2014

Novembre 2011

à compléter

Novembre 1994

Une des crues les plus fortes du XXè siècle avec des précipitations sur le haut bassin du Var, de gros dégâts sur la voie ferrée du trai ndes Pignes et la RN202 vers Puget-Théniers, et des dégâts dans la plaine du Var.

Automne 1926

Des quantités exceptionnelles de pluie s'abattent sur la vallée de la Vésubie de septembre à novembre. Comparativement à l'épisode du 3 octobre 2020, les cumuls journaliers sont relativement faibles. C'est sur la durée que les cumuls sont exceptionnels (chiffre à venir).

Les crues sont bien moins dévastatrices mais l'accumulation des pluies provoque notamment un glissement de terrain en rive gauche de la Vésubie, qui engloutit plusieurs dizaines d'habitations de Roquebillière. Le village sera recontruit sur l'autre rive et les restes de l'ancien village s'appelle Roquebillière-le-vieux.

La crue d'octobre 2020

Le contexte

Selon Météo France, la tempête Alex a provoqué un épisode méditerranéen exceptionnel sur les Alpes-Maritimes. Alex provient du creusement très rapide d'une dépression sur l'Atlantique, à environ 600 km de la Bretagne. C'est cette région qui a d'abord été touchée dans la nuit du 1er au 2 octobre avec des vents très violents, notamment sur les côtes du Morbihan (186 km/h à Belle-Île, 157 km/h à Groix, 131 km/h à Vannes). Le creux dépressionnaire s'est ensuite dirigé vers le golfe de Gascogne. Comme toute dépression qui tourne dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère nord, ce positionnement du creux dépressionnaire a entraîné un flux de sud très fort en altitude, poussant de l'air chaud et humide sur le département des Alpes Maritimes, avec un blocage sur les reliefs du Mercantour.

Les pluies diluviennes, atteignant localement 500 litres par mètre carré ont engendré des crues dévastatrices du fleuve Var et des cours d’eau du Mercantour dont ses affluents Tinée et Vésubie.

La vigilance météo

Tout commence le jeudi 1er octobre : de fortes précipitations sont prévues.

 Les précipitations

En quelques heures entre vendredi après-midi et samedi, les cumuls de pluies suivants ont été mesurés (source MétéoFrance) :

• 500,2 mm à Saint-Martin-Vésubie en 24 h. C'est un double record : cette valeur constitue un record absolu pour la station et pour l'ensemble du département des Alpes-Maritimes.  
• 380,4 mm à Andon,
• 355,2 mm à Clans,
• 335,5 mm à Coursegoules,
• 319 mm au Mas,
• 271 mm à Breil-sur-Roya,
• 199 mm à Sospel
• 178 mm à Caussols.

Les prévisions de Météo France, publiées le 2/10 à 15h30, envisageaient jusqu'à 450 mm sur le Mercantour.

La carte ci-dessous représente les pluies tombées sur le département des Alpes-Maritimes, le fleuve Var étant en trait bleu.

La vigilance crue

Le 1er octobre à 16h, le tronçon "Var amont" est placé en vigilance jaune.

Le bulletin précise : "Un épisode pluvio-orageux est attendu pour vendredi sur la région PACA. Les cumuls de pluie les plus importants devraient concerner le 06 et l'Est du 83. Ils ne devraient engendrer une réaction marquée que sur le fleuve Var et les cours d'eau frontaliers, avec le risque d'atteindre des niveaux inhabituels en fin de journée de vendredi ou nuit de vendredi à samedi. [...] Compte tenu des précipitations conséquentes annoncées, le Var amont est placé en vigilance crues Jaune. Les premières réactions devraient apparaître dans l'après-midi de vendredi."

Le lendemain 2 octobre à 10h, la vigilance passe à l'orange pour le tronçon et au jaune pour le tronçon "Var aval".

Le bulletin précise : "Au vu des débits prévus au moment de la rédaction de ce bulletin, le Var pourra solliciter fortement le système d'endiguement à différents endroits. Le niveau maximal devrait être atteint en cours de nuit de vendredi à samedi. La Vésubie et la Tinée présenteront elles aussi des réactions significatives dès la fin de la journée.
Au vu des précipitations envisagées, le Var aval pourrait atteindre voire dépasser un débit de 700m3/s soit plus de 2,6m en fin de nuit prochaine.
Nous rappelons que, suite aux travaux, la mesure de hauteur n'est pas disponible à Nice."

A 16h, le niveau de vigilance est inchangé et le bulletin actualisé "modestement" : "Au vu des précipitations envisagées, le Var aval pourrait atteindre un débit de 700m3/s à 1000 m3/s, soit entre 2.6m et 3m en fin de nuit prochaine".

A 17h, la vigilance orange est étendue au tronçon "Var aval".

Le bulletin fait état d'une réaction importante (voire passée) de la Tinée et de la Vésubie : Une réaction exceptionnelle a été observée sur les affluents : Tinée et Vésubie. Dans ces conditions, le fleuve Var dans sa partie avale va réagir très fortement dans les heures à venir. Les risques de débordement significatifs apparaîtront vers le milieu de nuit, le pic de crue se situant plutôt en seconde partie de nuit voire tout début de journée samedi.
Le système d'endiguement pourra être fortement sollicité à certains endroits pouvant amener une érosion notable de certaines berges, justifiant le passage en vigilance crue orange. Des instabilités de terrain sont également envisageables localement sur les pentes marquées.
A l'instar de la Tinée et de la Vésubie, d'autres cours d'eau frontaliers comme la Bevera et la Roya pourraient atteindre des niveaux inhabituels."

Pour le tronçon Var amont : "Le niveau maximal devrait être atteint en cours de nuit de vendredi à samedi. La Vésubie et la Tinée présenteront elles aussi des réactions significatives dès cet après-midi."

Pour le troncon Var aval : "Au vu des précipitations en cours et attendues et des réactions avérées de certaines affluents comme la Tinée et la Vésubie, le Var aval pourrait atteindre en seconde partie de nuit voire tout début de journée de samedi,un débit de l'ordre 2000 à 2500 m3/s soit 4,1m à 4,6m voire davantage.
Cette situation, sérieuse, est à suivre de très près.
Le système d'endiguement pourra être fortement sollicité à certains endroits pouvant amener une érosion notable de certaines berges, justifiant le passage en vigilance crue "orange". Des instabilités de terrain sont également envisageables localement sur les pentes marquées.
Nous rappelons que, suite aux travaux, la mesure de hauteur n'est pas disponible à Nice jusqu'à 2.26m (520m3/s). Lorsque le capteur sera en eau, la montée apparaîtra brutalement.."

Une heure plus tard (2/10 à 18h), c'est la vigilance rouge sur le Var aval.

Le bulletin est cependant très peu modifié : "Le niveau maximal devrait être atteint en cours de nuit de vendredi à samedi. Au vu des précipitations en cours et attendues et des réactions avérées de certaines affluents comme la Tinée et la Vésubie, le Var aval pourrait dépasser les 3000m3/s dans les heures à venir."

Sans modifier les couleurs de la viilance, le bulletin sera mis à jour 6 fois entre 18h le 2/10 et 3h le 3/10.

Le 3/10 à 6h, le tronçon Var aval descend d'un cran et retrouve du orange.

Le bulletin indique : "Amélioration lente de la situation hydrologique qui a été assez proche de la crue de 1994 à Nice même si ce sont les affluents en rive gauche la Tinée et la Vésubie qui ont été les plus contributifs. Débit maximal estimé à Nice Napoléon III de l'ordre de 2900m3/s le 02/10 vers 18hl15. L'épisode pluvio-orageux a maintenant évacué la région.

La décrue concerne tous les cours d'eau même si elle est plus lente sur la Tinée et la Vésubie qui présentent des débits encore peu habituels. Nombreuses routes coupées et coulées de boue, la plus grande prudence est de mise."

A 10h, bascule sur de la vigilance jaune sur les deux tronçons du fleuve Var, avec lequalificatif de la situation suivnat : "Décrue généralisée en cours".

A 16h le 3/10, seul le Var amont reste en jaune.

Le 4/10 à 10h, la vigilance est levée et les tronçons du Var sont en vert.

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Les hauteurs d'eau et les débits sur le bassin du Var

Les graphiques ci-dessous sont des copies d'écran du site Vigicrues.

Quelques précautions dans la lecture des graphiques :

- chaque point de mesure étant différent, la comparaison des hauteurs d'eau à chaque station a peu de sens. Le graphique permet d'aprécier la vitesse de montée des eaux et la propagation de la crue

- les débits sont à prendre avec beaucoup de précaution, encore plus pour cette crue qui a fortement modifié le lit des rivières

 

La presse

Le Figaro du 7/10 : Le président Macron avait déjà annoncé lors d'un point presse depuis Breil-sur-Roya qu'un fonds allait être créé pour reconstruire et que l'État allait déjà mettre 100 millions d'euros. «Il y aura plus que les 100 millions, ce sera massif, a ensuite ajouté le président dans le 20H de TF1 et France 2. Je voulais déjà mettre ces 100 millions d'euros rapidement. Nous mettrons à coup sûr plusieurs centaines de millions d'euros, peut-être qu'à la fin ce sera un milliard». [...] Le chef de l'État a de nouveau indiqué que certaines habitations ne pourraient être reconstruites à l'identique: «On ne va pas pouvoir rebâtir de la même manière et il va falloir prévenir les risques. Il faut faire des travaux d'aménagement avec les collectivités territoriales pour prévenir les risques. Certaines maisons détruites ne pourront pas être reconstruites à l'identique».

Les élus

« On a passé les 48 premières heures tout seuls, livrés à nous-mêmes. Heureusement, il y a eu une solidarité exceptionnelle, qu'on ne trouve qu'en montagne. L'État a eu du mal à se mettre en marche, ça a d'abord pédalé dans la semoule… Mais maintenant, ça y est, on avance », a rapporté Jean-Pierre Vassallo, le maire de Tende depuis 2001.