Mise à jour : 22/11/2013 avec ajout du pluviomètre de l'aéroport dijonnais + graphiques des pluies ; à compléter par hauteurs d'eau, analyse de la presse locale

L'Ouche, rivière paisible de la Côte d'Or, a connu au printemps 2013 une crue qu'on qualifiera sans être trop excessif, de très importante, sans aller jusqu'au qualificatif d'exceptionnelle.

PRÉSENTATION DE LA RIVIÈRE

L'Ouche est un affluent de rive droite de la Saône qui traverse Dijon et draine au total un bassin versant de 935 km² (cf. carte ci-dessous). Le bassin versant amont de l'Ouche comprend deux branches distinctes constituées de l’Ouche (orientée sud/nord ; 155 km²) et de la Vandenesse (orientée nord-ouest/sud-est ; 130 km²) qui se rejoignent à Crugey, commune de 160 habitants. Les points hauts de ces deux têtes de bassin dépassent tout juste l'altitude de 500 m.

Depuis Crugey, l’Ouche continue son trajet vers le nord jusqu'à Pont-de-Pany (450 km²) où son cours s’oriente à l'est. A son arrivée à Dijon, l'Ouche débouche dans le lac Kir (650 km²), lac artificiel de 37 ha aménagé en 1964 par le chanoine Kir, maire de la cité des Ducs de Bourgogne à cette époque et accessoirement, à l'origine du nom de l'apéritif éponyme, autrefois appelé « blanc-cassis ».

Entre Crugey et Dijon, l'Ouche est gonflée de plusieurs affluents de faible importance qui rejoignent la rivière principalement en rive gauche. A la sortie de l'agglomération de la préfecture bourguignonne, l'Ouche (700 km²) est rejointe par le Suzon (175 km²), affluent de rive gauche qui descend de l'extrême sud du plateau de Langres et traverse Dijon du Nord au Sud principalement sous terre. L'Ouche conflue avec la Saône à Echenon après un parcours d'une petite centaine de km.

Les pentes du bassin sont assez faibles (0,36 % en moyenne) et induisent de nombreux méandres le long du cours de la rivière. Cette pente faible et cette vallée relativement encaissé ont permis de faire passer le canal de Bourgogne (qui relie le bassin de la Seine à celui de la Saône), qui longe la rivière sur la partie médiane de son linéaire (de la Vandenesse jusqu'à Dijon) et de manière très rapprochée parfois. La partie en aval de Dijon a été rectifié (suppression de méandres) et recalibrée (élargissement de la section) probablement à la suite de la crue de 1965.

Canal de Bourgogne à l'écluse de Pont-de-Pany

CRUES HISTORIQUES

Les crues les plus marquantes sur le bassin sont celles de 1866, 1930, septembre 1965 et mars 2001. Les débits fournis à titre indicatif sont pour ces mêmes dates de 195, 172, 178 et 150 m3/s à Plombières-lès-Dijon.

Pluviométrie du 30/09/1965 6h TU au 01/10/1965 sur la Côte d'Or
(Données Météo France issues du site pluies extrêmes ; mise à jour du 3/8/2011)

CRUE de MAI 2013

Un antécédent pluviométrique parmi les plus élevés

Le bassin de l'Ouche et ses abords sont couverts par 10 stations pluviométriques encore en activité à ce jour : Bessey-en-Chaume, Chazilly, Detain-et-Bruant, Dijon (hôpital de la Chartreuse ; Parc technologique), Grosbois-en-Montagne, Longvic (aéroport), Pouilly-en-Auxois, Saint-Martin-du-Mont et Saussy.

A l'échelle du bassin, cela donne en moyenne une station pour 100 km² (l'équivalent d'un carré de 10 km de coté). Quand on connaît les disparités de pluviométrie à l'échelle spatiale, notamment en situation orageuse, cette couverture est relativement limitée. Si l'on veut comparer les pluies de 2013 avec des valeurs anciennes, on se heurte aussi avec la chronique de mesure des stations qui n'est pas identique. Sur les 10 stations mentionnées, 5 ont des mesures depuis plus de 50 ans (Detain, Dijon [Chartreuse], Grosbois, Longvic et Saussy), 3 depuis 20 ans (Chazilly, Pouilly et St-Martin), et 2 depuis moins de 20 ans (le minimum pour Bessey avec 11 années de mesure). Aussi, faire des comparaisons est un art à manier avec précautions.

Si la pluviométrie annuelle (de janvier à décembre) est représentative d'un lieu du point de vue climatologique, il est plus usuel de travailler du point de vue hydrologique avec les pluies sur 12 mois glissants s'étalant de septembre à août.

De septembre 2012 à avril 2013 (soit 8 mois consécutifs), les précipitations mesurées par Météo-France sont les suivantes (entre parenthèses, le record avec l'année et la moyenne observée sur la période septembre-avril) :

Bessey-en-Chaume : 686 mm (nouveau record ; 524 mm)
Chazilly : 724 mm (826 mm en 1993/1994 ; 560 mm)
Detain-et-Bruant : 820 mm (1030 mm en 1965/1966 ; 657 mm)
Dijon (hôpital de la Chartreuse) : 624 mm (827 mm en 1965/1966 ; 488 mm)
Dijon (Parc technologique) : 655 mm (nouveau record ; 493 mm)
Grosbois-en-Montagne : 765 mm (885 mm en 1965/1966 ; 607 mm)
Longvic : 552 mm (750 mm en 1965/1966 ; 467 mm)
Pouilly-en-Auxois : 673 mm (830 mm en 2000/2001 ; 556 mm)
Saint-Martin-du-Mont :707 mm (941 mm en 1993/1994 ; 633 mm)
Saussy : 737 mm (853 mm en 1993/1994 ; 523 mm)

La première constatation est que les précipitations mesurées depuis septembre 2012 sont systématiquement supérieures à la moyenne. Par rapport à la moyenne sur la période, les précipitations sont supérieures de 10 à 40% à la « normale », et de 26% si on moyenne pour les 10 stations (moyenne à prendre à titre indicatif étant donné la répartition des pluviomètres sur le bassin).

Pour les deux stations les plus récentes (Bessey et Dijon-Parc techno), il s'agit même d'un nouveau record. Pour les autres, l'année hydrologique fait partie au moins des 8 années les plus humides (des 6 plus humides pour 7 des 10 postes pluviométriques).

Regardons maintenant les pluies depuis le début de l'année (entre parenthèses, le record avec l'année et la moyenne observée sur la période janvier-avril) :

- Bessey-en-Chaume : 327 mm (nouveau record ; 230 mm)
- Chazilly : 368 mm (396 mm en 2001 ; 253 mm)
- Detain-et-Bruant : 385 mm (477 mm en 1986 ; 306 mm)
- Dijon (hôpital de la Chartreuse) : 301 mm (370 mm en 1986 ; 214 mm)
- Dijon (Parc technologique) : 307 mm (335 mm en 2001 ; 228 mm)
- Grosbois-en-Montagne : 393 mm (462 mm en 1986 ; 281 mm)
- Longvic : 268 mm (332 mm en 1986 ; 206 mm)
- Pouilly-en-Auxois : 350 mm (443 mm en 2001 ; 252 mm)
- Saint-Martin-du-Mont : 348 mm (458 mm en 1995 ; 285 mm)
- Saussy : 350 mm (452 mm en 1988 ; 237 mm)

Comme pour la saison hydrologique, les précipitations mesurées depuis le début de l'année 2013 sont systématiquement supérieures à la "normale" avec un surplus compris entre 20 et 50 % suivant les stations. La moyenne 2013 sur les 10 stations (toujours à prendre à titre indicatif) est supérieure d'environ 35% à la moyenne.

Pour la station la plus récente (Bessey), il s'agit d'un nouveau record sur les quatre premiers mois de l'année. Pour 5 stations, l'année en cours fait partie au moins des 6 années les plus humides. A noter qu'à Detain et Longvic, les quatre premiers mois de l'année 2013 n'arrivent que respectivement aux 16è et 14è rang des plus pluvieux depuis 1950.

Terminons cette analyse par les pluies du seul mois d'avril (entre parenthèses, le record avec l'année et la moyenne observée sur le mois d'avril) :

- Bessey-en-Chaume : 122 mm (nouveau record ; 64 mm)
- Chazilly : 142 mm (205 mm en 1998 ; 71 mm)
- Detain-et-Bruant : 141 mm (213 mm en 1998 ; 77 mm)
- Dijon (hôpital de la Chartreuse) : 125 mm (158 mm en 1998 ; 52 mm)
- Dijon (Parc technologique) : 134 mm (138 mm en 1998 ; 66 mm)
- Grosbois-en-Montagne : 139 mm (210 mm en 1998 ; 70 mm)
- Longvic : 115 mm (149 mm en 1983 ; 51 mm)
- Pouilly-en-Auxois : 130 mm (226 mm en 1998 ; 71 mm)
- Saint-Martin-du-Mont : 139 mm (207 mm en 1998 ; 77 mm)
- Saussy : 143 mm (187 mm en 1983 ; 58 mm).

Les précipitations mesurées en avril 2013 sont très supérieures à la « normale » de ce 4è mois de l'année avec un surplus compris entre 1,8 et 2,5 fois la « normale » suivant les stations. La moyenne d'avril 2013 sur les 10 stations (toujours à prendre à titre indicatif) est égale au double de la « normale ».

Pour la station la plus récente (Bessey), il s'agit d'un nouveau record pour un mois d'avril (le précédent était de 109 mm en 2008). Pour les autres stations, c'est un mois d'avril parmi les plus pluvieux : le 2è mois d'avril le plus pluvieux pour 4 stations, le 3è, le 5è et le 6è mois le plus pluvieux pour 2 stations.

Enfin, entre la fin avril et le premier jour de mai, de fortes précipitations s'abattent sur la Bourgogne saturant les sols. En 5 jours du 27/4 8h au 2/5 8h (heures en temps légal), en dehors de l'amont de l'Ouche, tout le bassin reçoit entre 70 et 100 mm d'eau

Au final, avant l'épisode pluvieux qui va provoquer l'importante crue de l'Ouche, la situation hydrologique est très excédentaire avec un automne, un hiver et un début de printemps parmi les plus pluvieux observés. Les pluies d'avril égales au double de la normale ont favorisé la saturation des sols et notamment les pluies des derniers jours du mois, qui précèdent de peu les pluies à l'origine de la crue.

La pluie génératrice de la crue

En 24h, du jeudi 2 mai 19h au lendemain même heure, entre 50 et 70 mm sont tombés sur tout le bassin versant de l'Ouche avec un cumul compris entre 70 et 100 mm sur l'amont de l'Ouche (avant la confluence avec la Vandenesse).

Les hauteurs brutes suivantes dans la rivière ont été relevées aux stations hydrométriques (données vigicrues) :

1,93 m à Bussières, soit 10 cm de moins qu'en 2001,
3,04 m à Sainte-Marie [Pont-de-Pany], soit 1 cm de mieux qu'en 2001,
3,18 m à Plombières-lès-Dijon, soit 5 cm de moins qu'en 2001,
3,27 m à Crimolois, soit 15 cm de mieux qu'en 2001.

La crue s'est propagée très vite sur le bassin puisque la pointe a été observée à minuit à Bussières, à 6h à Ste-Marie, à 12h à Plombières et à 21h à Crimolois.

Inondations Dijon 2013

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